Le bassin d’Arcachon : un territoire d’innovations maritimes

En contemplant le bassin d’Arcachon du haut de la Dune du Pilat, en faisant un tour en pinasse traditionnelle ou en vous promenant dans les villages ostréicoles, vous pourriez être tentés de croire que le temps s’est arrêté. Mais au-delà de la carte postale, le patrimoine maritime du bassin c’est aussi une filière nautique en constante évolution, un territoire d’innovations.

Vingt-sept ports, 30 chantiers navals, 326 acteurs économiques… parmi eux des start-up et entreprises qui développent des solutions concrètes pour accélérer la décarbonation de la filière maritime.

Pour citer quelques-unes de ces ‘pépites’, que vous avez peut-être découvert lors du Salon Nautique d’Arcachon 2023 :

• ADV Propulse conçoit et développe un système de propulsion électrique et d’hydrogénération pour les bateaux particulièrement innovant, qui permet de consommer moins d’énergie et de produire de l’électricité verte pour couvrir les besoins à bord.
• Beyond the Sea élabore et commercialise des systèmes de traction par voile de kite à travers deux produits : le LibertyKite et le SeaKite. Très simple d’utilisation, la voile LibertyKite équipe déjà plus de 150 bateaux à travers le monde. Le catamaran SeaKite quant à lui, est un véritable laboratoire d’innovations 100% écologique, zéro émission, autonome en énergie.
• Bluenav développe des solutions de motorisation qui permettent de convertir n’importe quel bateau propulsé par des moteurs à combustion en un bateau hybride électrique et silencieux, sans avoir à modifier les éléments essentiels de la structure du bateau.
• ETM Marine conçoit entre autres des mouillages écologiques qui remplacent les blocs de bétons immergés et reliés à la bouée par une chaîne, par des solutions qui suppriment le ragage des fonds marins grâce à des câbles coulissants qui suivent le marnage.
• H2YAM propose une conversion simple et rapide des moteurs thermiques marins ou groupes électrogènes à l’hydrogène vert, au biogaz ou e-carburant. Leur solution, basée sur une technologie française brevetée, permet une transition rapide, facile et abordable.

Ce ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres : de plus en plus d’entreprises patrimoniales du bassin développent des modèles plus respectueux de l’environnement et proposent des produits écoresponsables, à l’instar de Couach, ou Dubourdieu avec sa nouvelle pinasse 100% électrique, la E-Picnic.

Des enjeux économiques, environnementaux et sociétaux

La décarbonation du secteur maritime représente un défi essentiel. En 2017, lors du One Planet Summit, 34 pays se sont engagés à réduire de 50% les émissions des gaz d’effets de serre dans le transport maritime dans le cadre de l’Organisation maritime internationale (depuis 15 pays les ont rejoints, portant à 49 le nombre de signataires). En avril 2023, les pays du G7, dont la France, se sont alignés sur l’atteinte d’un zéro net émissions dans le transport maritime d’ici 2050 à plus tard. Pour atteindre ces objectifs, la feuille de route remise en janvier 2023 par l’ensemble de la filière maritime française s’appuie sur trois leviers : « l’efficacité énergétique (technologique, opérationnelle et écoconception), le changement d’énergie (recours à des énergies moins carbonées, notamment les biocarburants, les e-carburants mais aussi la propulsion par le vent) et la sobriété (principalement la baisse de vitesse des navires). »

Pour financer cette transition écologique, de nouveaux fonds BlueTech ont vu le jour, tels que Team for the Planet, qui accompagne Beyond the Sea, ou encore Impact Ocean Capital, un fonds de 23 millions d’euros à l’initiative de Go Capital, créé avec le soutien de la Banque des Territoires et de l’Ademe. Trente banques internationales, dont les cinq plus grandes banques françaises ont quant à elles rejoint l’initiative Principes de Poséidon pour aider les acteurs du transport maritime à atteindre les objectifs de l’Organisation maritime internationale. L’un de ces acteurs, l'armateur français CMA CGM a annoncé une dotation de 200 millions d’euros pour les start-up et entreprises développant des solutions dans le transport de marchandises mais aussi le tourisme, la pêche, les industries navales et nautiques. Enfin, dans le cadre de sa démarche France Mer 2030 pour fédérer le secteur public et le secteur privé autour de l’objectif Navire Zéro Emission, le gouvernement français a déclaré en janvier qu’il allait mobiliser 300 millions d’euros d’ici la fin du quinquennat pour soutenir l’innovation et accélérer la décarbonation du secteur maritime.

« La France dispose d’acteurs de premiers plan sur toute la chaine de valeur, capables d’innover et de s’engager dans la décarbonation […] Plusieurs initiatives et projets concourent déjà à la décarbonation du secteur mais il faut aller plus loin et changer d’échelle » soulignent les auteurs de la feuille de route. Face à une telle dynamique, il est essentiel de donner à notre filière nautique locale les moyens de ses ambitions. Comment l’aider à attirer des financements, à bénéficier du soutien de l’UE, à se développer à l’international ?

Au-delà des enjeux environnementaux, la décarbonation du secteur représente une véritable opportunité de développement économique et de création d’emplois : la filière est responsable de plus de 800 emplois sur le bassin d’Arcachon et présente de nombreuses opportunités. Des emplois qualifiés qu’il faut pérenniser, multiplier, car ils sont essentiels pour l’avenir du bassin.

Un patrimoine d’innovation, une filière d’excellence qui mérite tout notre soutien !